Lorsqu’il
quittait Juba en juillet 2016, la capitale du Sud-Soudan, Riek Machar venait de
perdre les combats fratricides avec le président Salva Kiir, son éternel rival.
Trois ans plus tard, après des médiations et un accord de paix signé, mais non
encore appliqué, l’ancien vice-président est de retour depuis ce lundi dans la
capitale du plus jeune Etat d’Afrique. Pendant deux jours, il devrait avoir un
tête-à-tête avec l’actuel chef de l’Etat. Une rencontre qui sera décisive pour
le retour de la paix.
Pour
avoir été réunis dans plusieurs capitales, en dehors du Continent, les deux
hommes ont l'habitude des conclaves. Salva Kiir,
président du Sud-Soudan, et Riek
Machar se retrouvent à nouveau dans la capitale du plus jeune
Etat d'Afrique. Auréolé de son titre de «Premier vice-président désigné» (mais
pas encore officiellement nommé), le second est arrivé ce lundi 9 septembre
à Juba, en provenance de Khartoum dans un avion soudanais. Loin d'être
tout seul.
Rencontre face à face
Deux
avions transportant la soixantaine de personnes qui constituent son importante
délégation ont atterri avant lui dans la capitale sud-soudanaise. En caution
sécuritaire, le général Mohamed Hamdan Dagalo, influent chef rebelle à
Khartoum, a grossi les rangs de la délégation de Riek Machar. Au programme
de cette visite de deux jours, des pourparlers entre des mandataires du
gouvernement et la délégation de l'ancien vice-président.
Point
d'orgue dans le programme, le «président Salva Kiir Mayardit tiendra une
rencontre en face à face avec le Premier vice-président désigné Riek Machar», renseigne
le gouvernement sud-soudanais. L'objectif de cette rencontre à huis clos entre
les deux acteurs majeurs de la crise au Soudan du Sud est d'«évoquer toutes les
questions en suspens concernant le processus de paix et la manière d'aller de
l'avant». Et ce ne sont pas des questions faciles qu'ils vont aborder, si bien
que les commentateurs donnent une importance décisive à ce qu'il convient
d'appeler «le tête-à-tête de Juba».
Cette
rencontre en aparté entre les deux hommes devrait booster un processus de paix
somnolent. Lors des négociations à la suite de la signature
en août 2018 à Addis-Abeba d'un l'accord de paix définitif, Salva
Kiir et Riek Machar s'étaient entendus pour former, avant la fin
de la période de pré-transition de huit mois, un gouvernement d'union nationale
et de transition composé d'une trentaine de postes ministériels répartis entre
les deux camps. Riek Machar devait retrouver son poste de «Premier
vice-président» du Sud-Soudan.
Risque de «bis repetita»
Largement
dépassé, ce délai avait été prorogé jusqu'en novembre prochain pour donner plus
de temps aux deux parties pour régler les questions qui fâchent. Outre la
question du nombre d'Etats selon une reconfiguration régionale
du Sud-Soudan, Salva Kiir et Riek Machar devraient s'entendre sur le futur
cadre législatif du pays, notamment sur la loi électorale et la rédaction d'une
nouvelle Constitution dans laquelle devraient être insérés les engagements
contenus dans l'Accord de paix.
Le
principal point qui refrène l'application du processus de paix reste sans doute
celui du cantonnement des troupes de l'ancien chef rebelle et leur intégration
dans les forces régulières. Dans le club des parrains du processus, l'on pousse
pour que les différends entre les deux hommes sur toutes ces questions se
tassent ou que le fil du dialogue pour y parvenir soit maintenu. Autrement,
l'on court le risque de s'acheminer vers un «bis repetita» des signes
avant-coureurs qui avaient fait sombrer le pays dans la guerre civile.