Les rues de
Ras al-Aïn sont quasiment désertes, les rideaux des magasins baissés. Les combats se poursuivent dimanche 13 octobre à la frontière
turco-syrienne. Ils se sont notamment concentrés samedi dans cette ville.
Quelques voitures passent devant un immeuble, à un croisement, abrité
derrière un mur, un militaire monte la garde. Des tirs d’armes automatiques
retentissent, on est à 50 mètres de la frontière, matérialisée ici par une
simple voie de chemin de fer et quelques barbelés qui séparent les deux parties
de la ville.
Repoussés de la zone de front
Les combats sont rapprochés, pas question de laisser les journalistes
venir plus près, même côté turc. Des hommes en civils, pistolets à la ceinture,
fusils mitrailleurs en bandoulière, nous entourent, ils se présentent comme des
forces anti-terroristes turques.
D’après eux, nous n’aurions pas le droit d’être là, malgré nos cartes de
presse. C’est interdit, nous n’avons pas les bonnes autorisations. Impossible
de discuter, ils nous escortent aux portes de la ville, malgré nos
protestations.
En périphérie, les bombardements turcs reprennent, frappes aériennes et
tirs d’artillerie. Il faut couper les axes logistiques de l’adversaire, un
adversaire qui se défend et qui dément avoir perdu le contrôle de cette ville
stratégique.
Des habitants regardent les combats à la frontière turco-syrienne, dans
le secteur de Ras al-Aïn. (MATTHIEU MONDOLONI / RADIO FRANCE)
Dans la ville voisine de Viransehir, un groupe d’amis est attablé en
terrasse. On s’affronte aux dominos et on s’échauffe sur les responsables de
cette guerre : "Attention, cette guerre va tomber sur la tête des
Kurdes, prévient cet homme aux cheveux blancs.
Ce sont les Kurdes qui vont souffrir. Est-ce que le but de la Turquie
n’est pas uniquement de les frapper et de les repousser ?Un habitant de
Viransehirà franceinfo
Son voisin de table s’emporte : "Non, ils ne frappent pas les
kurdes ! Toi et moi on est kurdes ? Est-ce qu’ils nous frappent ?
Non, ici ce n’est pas pareil, là-bas ils frappent les terroristes. C’est à
cause des Syriens tout ça. S’ils rentraient chez eux, notre peuple
n’aurait pas tous ces soucis."
Sur le trottoir d’en face, trois voitures de police se garent. En
sortent encore une fois des hommes civils qui viennent nous contrôler. Fin de
l’interview.