Guerre en Ukraine, en direct : « Crimes de guerre » à Boutcha, ce que l’on sait
vendredi 29/avril/2022 - 12:59

Les civils terrés dans l’usine d’Azovstal de Marioupol assiégée par les troupes russes pourraient être évacués aujourd’hui. Si les assauts se concentrent sur le Donbass, des explosions retentissent sur tout le territoire ukrainien. La capitale a été bombardée jeudi, le jour même de la visite du chef de l’ONU.
Deux volontaires humanitaires britanniques « capturés » en Ukraine, selon une ONG
Deux volontaires britanniques ont été « capturés » par des soldats russes en Ukraine, a affirmé vendredi Presidium Network, une organisation à but non lucratif ayant son siège au Royaume-Uni.
« Deux citoyens britanniques travaillant en tant que volontaires non liés à nous mais connus de nous, Paul Urey (né en 1977) et Dylan Healy (né en 2000) » ont été « capturés par l’armée russe à un point de contrôle en Ukraine lundi », a annoncé Dominik Byrne, l’un des fondateurs de cette ONG, précisant que les deux hommes « sont allés en Ukraine de leur propre chef ».
Les Pays-Bas rouvrent leur ambassade à Kiev
Les Pays-Bas ont rouvert vendredi leur ambassade à Kiev, après plus de deux mois de fermeture, a annoncé le ministère néerlandais des affaires étrangères. Le personnel de cette représentation diplomatique s’est retiré de la capitale ukrainienne le 20 février, quatre jours avant le début de l’offensive russe. Depuis le 16 avril, il opérait de la ville de Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine.
« Un petit nombre de membres du personnel de l’ambassade retourneront dans la capitale », a précisé le ministère. « Nous entretenons une relation de travail étroite avec l’Ukraine, que nous soutenons sur les plans diplomatique, humanitaire et militaire », a ajouté le ministre des affaires étrangères, Wopke Hoekstra, cité dans le communiqué. « Il est important pour ça que nous puissions avoir une ambassade sur le terrain à Kiev », a-t-il ajouté. La section consulaire de l’ambassade néerlandaise dans la capitale ukrainienne restera néanmoins fermée dans l’immédiat.
:L’OIM lance un appel de fonds à hauteur de 514 millions de dollars pour venir en aide à 10 millions de personnes
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a lancé vendredi un appel de fonds visant à récolter 514 millions de dollars afin de venir en aide à dix millions de personnes, déplacées ou forcées d’émigrer depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Cet appel doit permettre de venir en aide à 8 millions de personnes déplacées internes et 2 millions de personnes ayant dû fuir le pays. « Les besoins humanitaires dans la région continuent d’augmenter, et les populations affectées ont un besoin crucial de soutien », souligne un communiqué de l’OIM. Cette aide s’adresse particulièrement aux populations vulnérables : femmes, enfants, personnes âgées et personnes handicapées.
A Boutcha
Artem (2e à gauche), le gendre de Mikhaïlo Kovalenko, qui a été abattu dans la rue Iablounska, à Boutcha, le 5 mars 2022, pendant l'occupation russe, assiste aux funérailles de M. Kovalenko devant son cercueil (noir) dans un cimetière de Boutcha, en Ukraine, le 18 avril 2022
Les présidents russe et ukrainien tous deux invités au sommet du G20 en Indonésie
Le président indonésien, Joko Widodo, a annoncé vendredi avoir invité son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, et confirmé avoir également convié le président russe, Vladimir Poutine, au sommet du G20 qui doit se tenir en novembre en Indonésie.
« J’ai invité le président Zelensky à participer au sommet du G20 », a déclaré le président indonésien. Le président russe a confirmé qu’il y participerait, a précisé le leader indonésien dans une allocution vidéo.
L’Indonésie, qui préside le G20 cette année, a subi de fortes pressions de la part des Occidentaux, les Etats-Unis en tête, pour exclure la Russie du groupe. Mais Djakarta a résisté, arguant que sa position l’obligeait à rester « impartiale », alors que le président américain Joe Biden, notamment, avait suggéré une participation de l’Ukraine pour trouver un équilibre.
Une productrice ukrainienne de Radio Svoboda tuée jeudi dans les tirs de missiles à Kiev
Une productrice ukrainienne de Radio Svoboda a été tuée par le tir de missiles russe sur Kiev de jeudi, a annoncé la station de radio dans un communiqué.
« Vira Hyrych est morte des suites de la frappe d’un missile russe sur l’immeuble où elle habitait », a annoncé Radio Svoboda, financée par les Etats-Unis, sur son site Internet. Son corps a été découvert sous les décombres vendredi.
Il n’était toutefois pas précisé à ce stade si elle était la victime évoquée, plus tôt vendredi, par le maire de Kiev, Vitali Klitschko.
« Crimes de guerre » à Boutcha : ce que l’on sait
L’Ukraine et les pays occidentaux accusent la Russie de « massacres » et de « crimes de guerre » depuis la découverte de centaines de cadavres dans plusieurs localités de la région de Kiev occupées par les forces russes en mars. Voici ce que l’on sait sur ces événements.
• Banlieue familiale dévastée
Boutcha était, avant le début de l’invasion russe le 24 février, une banlieue familiale d’environ 37 000 habitants, située à 30 kilomètres au nord-ouest de Kiev et entourée de forêts de pins. L’armée russe y pénètre dès le 27 février, mais n’en prend vraiment le contrôle que le 5 mars, selon l’ONG Human Rights Watch qui a enquêté sur place. Plusieurs opérations d’évacuation de civils sont menées par les autorités ukrainiennes jusqu’à cette date, mais environ 4 000 habitants restent ensuite pris au piège. La presse est interdite d’entrée à Boutcha à partir du 13 mars. Après le retrait des forces russes de la région de Kiev, le 31 mars, le maire de Boutcha, Anatolii Fedoruk, annonce, le 1e avril, la « libération de la ville ».
• Premières découvertes macabres
Des journalistes parviennent à entrer dans Boutcha le 1er avril. En parcourant la ville dévastée, ils découvrent dans la rue Iablounska, l’une des plus longues de la ville, éparpillés sur plusieurs centaines de mètres, les cadavres de vingt hommes, des civils. La rue Ivana-Franka a elle aussi été le théâtre d’un massacre qui a duré plusieurs semaines, comme le raconte Le Monde.
• Combien de morts ?
Durant l’occupation russe, deux grandes fosses communes ont été creusées pour enterrer temporairement les corps, les trois cimetières de la ville, à portée des tirs russes, étant inaccessibles. Après le retrait des troupes russes, quelque 400 corps sont retrouvés, dans ces fosses ou des jardins privés, ou parfois gisant sans sépulture, selon le chef de la police locale, Vitaly Lobass. Dans l’ensemble de la région, c’est plus de 1 000 corps de civils qui ont été retrouvés, selon la vice-première ministre ukrainienne, Olga Stefanschyna.
• « Crimes de guerre »
Le 4 avril, deux jours après la publication par les médias des images prises dans la rue Iablounska, le président Volodymyr Zelensky effectue un déplacement à Boutcha. « Ce sont des crimes de guerre, et ils seront reconnus par le monde comme un génocide », affirme-t-il. Le 13 avril, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), le Britannique Karim Khan, en visite à Boutcha, qualifie l’Ukraine de « scène de crime » et annonce qu’une équipe médico-légale va travailler à Boutcha. Le 25 avril, il annonce que ses enquêteurs ont rejoint l’équipe commune d’enquête (JIT) sur les crimes commis en Ukraine formée en mars par la Lituanie, la Pologne et l’Ukraine avec le soutien d’Eurojust, l’agence de l’Union européenne pour la coopération judiciaire en matière pénale
Le 21 avril, l’ONG Human Rights Watch, dont une équipe a enquêté à Boutcha du 4 au 10 avril, dit aussi avoir trouvé « des preuves étayées d’exécutions sommaires, meurtres, disparitions, et torture », qui constitueraient des « crimes de guerre et de potentiels crimes contre l’humanité. » De son côté, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU rapporte le 22 avril que ses enquêteurs ont, lors d’une mission à Boutcha le 9 avril, « documenté le meurtre, y compris par exécution sommaire, de quelque 50 civils sur place ». La France a aussi dépêché des gendarmes et des magistrats à Boutcha.
• Dénégations russes
Quelques heures après la publication des photos des corps de la rue Iablounska, l’armée russe assure avoir découvert des « falsifications » prouvant, selon elle, une mise en scène, affirmant notamment qu’un cadavre bougeait la main sur une vidéo largement partagée, ou que l’on voyait un autre se relever dans le rétroviseur d’une voiture. Vladimir Poutine évoque une « provocation grossière et cynique » de la part de Kiev. La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, affirme que Kiev a, soit exécuté des civils à Boutcha, soit transporté des corps pour les mettre en scène. Des images satellites de la société américaine Maxar Technologies, couplées à l’analyse des photos prises par l’AFP, contredisent toutefois cette version et montrent que plusieurs corps étaient là depuis trois semaines au moins. CNN a rapporté cette semaine avoir récupéré et authentifié deux nouvelles vidéos de Boutcha, filmées les 12 et 13 mars par un drone, où l’on voit des véhicules militaires et des forces russes dans la rue Iablounska, non loin des corps.
• Recherche des coupables
Malgré les dénégations russes, Kiev et ses alliés occidentaux affirment avoir des « preuves » que les forces russes sont responsables de la plupart des morts de civils à Boutcha. Kiev a accusé la 64e brigade de fusiliers motorisés russe d’avoir participé aux exactions. La procureure générale d’Ukraine a annoncé le 28 avril que dix soldats russes appartenant à cette brigade avaient été mis en examen pour « traitement cruel » et menaces de meurtres sur des civils de Boutcha, précisant que l’enquête se poursuivait pour déterminer leur implication éventuelle dans des « meurtres prémédités ». Selon les communications radio de soldats russes interceptées par les renseignements allemands, des membres du groupe de mercenaires russes Wagner – déjà déployé dans le conflit du Donbass en 2014, puis en Syrie et en Afrique – ont aussi participé aux exactions.